Ce programme, dédié aux musiciennes et compositrices ayant exercé leur art à la Cour de France du vivant de Louis XIV, se veut autant représentation en mosaïque de la société musicale de l’entourage du Roi Soleil que filigrane des possibilités dont disposaient à l’époque les femmes désirant faire carrière dans ce domaine.

Alors qu’en Italie, la composition et la musique étaient depuis longtemps accessible et exercées par les femmes (surtout au sein de l’aristocratie et des couvents, mais aussi dans les orphelinats), l’émergence de personnalités féminines dans le monde musical français dût prendre davantage de temps. Il fallut attendre les fastes de Louis XIV et l’engagement massif de musiciens à la Cour pour voir se développer de véritables dynasties musicales héritant de charges et de fonctions, que ce soit à la Chambre du Roi, en sa Chapelle ou en son Ecurie. Au sein de ces dynasties naquirent également des filles qui reçurent, comme leurs frères, la meilleure éducation musicale. Les plus douées d’entre elles, telles Mademoiselle de Ménetou ou Elisabeth Jacquet de la Guerre furent présentées au Roi dès leur enfance et poursuivirent ensuite des carrières en vue.

Cependant, bien qu’un talent musical soit une qualité appréciée chez une femme, le fait d’embrasser une carrière dans ce domaine remettait en question leur moralité. Celles qui y parvinrent, furent fortement soutenues par leurs familles et époux.

Certaines compositrices dont vous aurez le plaisir d’entendre les œuvres dans ce programme ont un parcours tristement typique de femme de l’époque : Antonia Bembo dut fuir l’Italie et son mari violent, abandonner ses enfants, avant de trouver protection à la Cour de France. Son style, plus dramatiquement italien, laisse à montrer la variété de la musique qui était donnée à entendre dans l’entourage du Roi Soleil. Elisabeth Jacquet de la Guerre, première compositrice de cantates française, maîtrisait tout à fait les styles italiens et français et les inclut dans ses œuvres couvrant le répertoire pour clavecin seul jusqu’au genre de l’opéra ballet. On pourrait dire que c’est sous le règne de Louis XIV que les femmes accédèrent à la reconnaissance de leurs talents musicaux au même titre que les hommes, ce qui leur ouvrit par la suite les charges de professeures de musique de la famille royale. En effet, Mademoiselle de Ménetou fut la première femme, à seulement 11 ans, à publier une collection de ses œuvres chez le célèbre éditeur Ballard. La suivante, près de 40 ans plus tard, sera Julie Pinel. Aucune des femmes que nous vous donnerons à entendre aujourd’hui ne se contenta d’un seul talent: compositrices, musiciennes et chanteuses, elles se défendaient sur ces terrains tout aussi bien que leurs collègues masculins, qui les respectaient et s’en inspiraient. C’est cette variété, ce respect, cette collégialité et ces talents que nous aimerions vous présenter aujourd’hui dans

La Françoise - Musiciennes et compositrices à la Cour de Louis XIV

Avec :

Maud Haering - Soprano
Claire Foltzer - Violon baroque
Rachel Heymans - Flûte à bec et hautbois baroque
Camille Bloch - Viole de Gambe
Gwennaëlle Alibert - Continuo